Au lendemain de
sa rencontre avec le pape et pour la première fois depuis sa condamnation, pour
laquelle il a fait appel, l’archevêque de Lyon a pris la parole mardi 19 mars
sur KTO.
Estimant qu’une
page devait être tournée à Lyon, il a indiqué qu’il se retirait pour un certain
temps dans un monastère, sans préciser s’il reviendrait aux manettes de son
diocèse.
Serein et détendu. Dans un
entretien exclusif à la télévision catholique KTO,
enregistré à l’archevêché de Lyon et diffusé en fin d’après-midi mardi
19 mars, le cardinal Philippe Barbarin est revenu sur les raisons pour
lesquelles le pape François n’a pas voulu recevoir sa démission, la veille, et
pourquoi il s’est mis en retrait « pour quelque
temps », confiant l’administration du diocèse de Lyon à un
vicaire général.
« Pour le bien » du
diocèse, le cardinal avait décidé, avant le jugement du tribunal correctionnel
de Lyon qui l’a condamné le 7 mars à six mois de prison avec sursis pour
non-dénonciation d’abus sexuels sur mineurs – jugement pour lequel il a fait
appel –, de porter sa démission au pape.
« Dans la conversation avec le pape, j’ai vu qu’il ne voulait
pas », a-t-il indiqué, confirmant que François avait sous les yeux le dossier
que lui avaient remis ses avocats. « Quand il y a un jugement qui va être rendu
en appel, il y a la présomption d’innocence. Par conséquent, si j’accepte, je
reconnais que tu es coupable, je ne peux pas faire cela », lui a dit le pape.
« Il est bon
qu’une page soit tournée »
L’archevêque a assuré que le pape lui laissait toute
liberté par ailleurs – « Je ne veux pas t’enlever ta charge et en même temps je
comprends très bien que tu veuilles te mettre en retrait » – et que le choix de
se mettre en retrait était le sien. « Rome n’a pas à intervenir pour un choix
provisoire dans un diocèse », a-t-il précisé.
« C’est cela que je crois le plus utile », a-t-il
expliqué. « Je ne sais si la paix manque (dans mon diocèse, NDLR.), mais je
sais que la souffrance est grande. J’ai été très marqué par une phrase d’une
victime lors du procès : "vous souffrez depuis trois ou quatre ans, mais
nous souffrons depuis 30 ou 40 ans." C’est terrible à entendre ».
« J’ai été lieu de la concentration de tous les
reproches. Ça doit être dur pour eux que leur évêque soit toujours sur la
sellette, critiqué, insulté, sali », a-t-il ajouté, espérant ainsi que cette
décision permettra à son diocèse de « repartir pour une étape nouvelle », «
dans une forme de liberté ». « L’image forgée ces dernières années est terrible
et très lourde à porter, pas seulement pour moi mais pour tout le diocèse. Je
veux que le diocèse reparte, et j’espère que le Seigneur lui donnera cet élan
», a-t-il encore dit. « Même s’il n’y avait pas eu de condamnation, je pense
qu’il est bon qu’une page soit tournée », a-t-il ajouté.
Concrètement, l’archevêque se retire de la gouvernance du
diocèse à compter de ce 19 mars. Le père Yves Baumgarten assurera à sa place la
présidence des différents conseils du diocèse, ainsi que des offices de la
liturgie, à commencer par les célébrations de la Semaine sainte. Il achèvera
également les nominations pour la rentrée prochaine.
La Semaine
sainte dans un monastère
Lui-même sera dans un monastère – il n’a pas précisé
lequel – où il vivra « intensément » la semaine sainte, assurant se réjouir de
ce « beau temps de silence ». « Je reste en titre l’évêque de Lyon, je pourrai
signer un papier s’il le faut », a-t-il toutefois indiqué.
Reviendra-t-il aux manettes du
diocèse de Lyon ? « Je n’en sais rien. Cela dépend beaucoup si le procès en appel est très long
ou si cela se passe en quelques mois », s’est-il contenté de répondre.
Le cardinal a rappelé avoir « reçu et écouté des heures
et des heures des victimes » et avoir été « touché » par leur souffrance. Il a
toutefois défendu son choix de faire appel de sa condamnation. « Certains m’ont
dit que ce serait une belle chose que j’accepte ce jugement. Mais c’est un
droit que la justice française m’offre et je l’ai fait sans hésitation »,
a-t-il dit. « C’est normal de faire appel quand il y a un tel écart entre ce
que dit le procureur et ce que dit le tribunal », a-t-il ajouté.
Le primat des Gaules a repris l’argumentation déployée
lors de l’audience du tribunal correctionnel de Lyon, début janvier : « Lorsqu’une victime s’est présentée en 2014, quadragénaire,
ni lui ni moi n’avons pensé que c’était à moi de le signaler à la justice. Peut-être que c’est une erreur. Si je dois
être condamné, je le serai. Mais je constate que cet article du Code pénal est
interprété de manière très différente. Je ne vous dis pas que j’ai bien fait,
je vous dis ce que j’ai fait, comment j’ai fait et pourquoi je l’ai fait ».
Céline Hoyeau, le 19/03/2019
Mis à jour le 20/03/2019
La Croix
https://www.la-croix.com/Religion/Catholicisme/France/Le-cardinal-Barbarin-sexplique-avenir-2019-03-19-1201010020
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