21 março 2019

Le cardinal Barbarin s’explique sur son avenir

        
Au lendemain de sa rencontre avec le pape et pour la première fois depuis sa condamnation, pour laquelle il a fait appel, l’archevêque de Lyon a pris la parole mardi 19 mars sur KTO.
Estimant qu’une page devait être tournée à Lyon, il a indiqué qu’il se retirait pour un certain temps dans un monastère, sans préciser s’il reviendrait aux manettes de son diocèse.

Serein et détendu. Dans un entretien exclusif à la télévision catholique KTO, enregistré à l’archevêché de Lyon et diffusé en fin d’après-midi mardi 19 mars, le cardinal Philippe Barbarin est revenu sur les raisons pour lesquelles le pape François n’a pas voulu recevoir sa démission, la veille, et pourquoi il s’est mis en retrait « pour quelque temps », confiant l’administration du diocèse de Lyon à un vicaire général.
« Pour le bien » du diocèse, le cardinal avait décidé, avant le jugement du tribunal correctionnel de Lyon qui l’a condamné le 7 mars à six mois de prison avec sursis pour non-dénonciation d’abus sexuels sur mineurs – jugement pour lequel il a fait appel –, de porter sa démission au pape.
« Dans la conversation avec le pape, j’ai vu qu’il ne voulait pas », a-t-il indiqué, confirmant que François avait sous les yeux le dossier que lui avaient remis ses avocats. « Quand il y a un jugement qui va être rendu en appel, il y a la présomption d’innocence. Par conséquent, si j’accepte, je reconnais que tu es coupable, je ne peux pas faire cela », lui a dit le pape.
« Il est bon qu’une page soit tournée »
L’archevêque a assuré que le pape lui laissait toute liberté par ailleurs – « Je ne veux pas t’enlever ta charge et en même temps je comprends très bien que tu veuilles te mettre en retrait » – et que le choix de se mettre en retrait était le sien. « Rome n’a pas à intervenir pour un choix provisoire dans un diocèse », a-t-il précisé.
« C’est cela que je crois le plus utile », a-t-il expliqué. « Je ne sais si la paix manque (dans mon diocèse, NDLR.), mais je sais que la souffrance est grande. J’ai été très marqué par une phrase d’une victime lors du procès: "vous souffrez depuis trois ou quatre ans, mais nous souffrons depuis 30 ou 40 ans." Cest terrible à entendre ».
« J’ai été lieu de la concentration de tous les reproches. Ça doit être dur pour eux que leur évêque soit toujours sur la sellette, critiqué, insulté, sali », a-t-il ajouté, espérant ainsi que cette décision permettra à son diocèse de « repartir pour une étape nouvelle », « dans une forme de liberté ». « L’image forgée ces dernières années est terrible et très lourde à porter, pas seulement pour moi mais pour tout le diocèse. Je veux que le diocèse reparte, et j’espère que le Seigneur lui donnera cet élan », a-t-il encore dit. « Même s’il n’y avait pas eu de condamnation, je pense qu’il est bon qu’une page soit tournée », a-t-il ajouté.
Concrètement, l’archevêque se retire de la gouvernance du diocèse à compter de ce 19 mars. Le père Yves Baumgarten assurera à sa place la présidence des différents conseils du diocèse, ainsi que des offices de la liturgie, à commencer par les célébrations de la Semaine sainte. Il achèvera également les nominations pour la rentrée prochaine.
La Semaine sainte dans un monastère
Lui-même sera dans un monastère – il n’a pas précisé lequel – où il vivra « intensément » la semaine sainte, assurant se réjouir de ce « beau temps de silence ». « Je reste en titre l’évêque de Lyon, je pourrai signer un papier s’il le faut », a-t-il toutefois indiqué.
Reviendra-t-ilaux manettes du diocèse de Lyon? « Je nen sais rien. Cela dépend beaucoup si le procès en appel est très long ou si cela se passe en quelques mois », sest-il contenté de répondre.
Le cardinal a rappelé avoir « reçu et écouté des heures et des heures des victimes » et avoir été « touché » par leur souffrance. Il a toutefois défendu son choix de faire appel de sa condamnation. « Certains m’ont dit que ce serait une belle chose que j’accepte ce jugement. Mais c’est un droit que la justice française m’offre et je l’ai fait sans hésitation », a-t-il dit. « C’est normal de faire appel quand il y a un tel écart entre ce que dit le procureur et ce que dit le tribunal », a-t-il ajouté.
Le primat des Gaules a repris l’argumentation déployée lors de l’audience du tribunal correctionnel de Lyon, début janvier: « Lorsquune victime sest présentée en 2014, quadragénaire, ni lui ni moi navons pensé que c’était à moi de le signaler à la justice. Peut-être que c’est une erreur. Si je dois être condamné, je le serai. Mais je constate que cet article du Code pénal est interprété de manière très différente. Je ne vous dis pas que j’ai bien fait, je vous dis ce que j’ai fait, comment j’ai fait et pourquoi je l’ai fait ».
Céline Hoyeau, le 19/03/2019
Mis à jour le 20/03/2019
La Croix
https://www.la-croix.com/Religion/Catholicisme/France/Le-cardinal-Barbarin-sexplique-avenir-2019-03-19-1201010020





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