21 dezembro 2012

Elle défend les droits des femmes

Sœur Clare Nolan Sœur du Bon Pasteur Lobbyiste à l'ONU, Sœur Clare Nolan est emblématique de l'action, parfois ambiguë, des religieuses américaines dans la société.

La chemise ouverte sur un tee-shirt et un pantalon souple, Clare Nolan se glisse dans les couloirs des Nations unies avec aisance. « Les gens me reconnaissent même sans habit religieux », assure cette Sœur du Bon-Pasteur, âgée d'une soixantaine d'années, l'une des premières religieuses américaines lobbyiste à l'ONU (1).
Après un quart de siècle passé sur le terrain à s'occuper de femmes en grande difficulté, celle qui, un temps, avait envisagé d'entrer au carmel prit à cœur « l'appel de l'Église à promouvoir la justice sociale » et s'est formée pour défendre les droits des femmes à l'échelle internationale. « Moi qui venais du monde des adolescentes, j'ai dû apprendre la diplomatie ! », sourit-elle.
Aux Nations unies, comme dans son bureau exigu du centre de New York, sa priorité est de maintenir les droits des fillettes à l'agenda des gouvernements. « Une fois seulement, un ministre a tourné les talons lorsque je l'ai abordé. En général, nous sommes écoutées, mais il nous a fallu du temps pour faire comprendre que la prostitution est une exploitation de la personne. »
Clare Nolan forme aussi les équipes sur le terrain à la dimension spirituelle de la justice. La religieuse ne cache pas que sa mission a transformé en profondeur sa relation à Dieu. Ainsi pour le désigner, a-t-elle banni de son vocabulaire toute forme masculine afin de « manifester spirituellement » son refus de cautionner « le système patriarcal qui oppresse tant de femmes dans le monde et dans l'Église ». La lobbyiste évite même de mener des campagnes de promotion de la femme avec les représentants du Saint-Siège à l'ONU « tant qu'ils n'appliquent pas ces principes au sein de l'Église ». « Ma vocation n'est pas de traiter en priorité avec les évêques, mais avec les juges, les services sociaux, le système civique », justifie-t-elle.
Le soir, Sœur Clare retrouve les deux religieuses avec lesquelles elle partage un appartement à Brooklyn, mais reconnaît que leurs emplois respectifs rendent difficile une prière commune. Elle médite souvent seule les psaumes, lit Teilhard de Chardin et Thomas Merton, mais aussi des ouvrages de théologie cosmique ou féministe.
A la retraite, cette femme indépendante, qui a souffert de voir si peu de novices américaines prendre le relais, aimerait continuer à être proche des jeunes religieuses de sa congrégation, dans les pays du Sud.

(1) Une trentaine de congrégations sont représentées aujourd'hui.
HOYEAU Céline
in La Croix 18.12.2012

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